◊ Lundi 5 février – 18h CONFERENCE PASSEE
◊ Auditorium de l’EESAB-site de Rennes
◊ Conférence ouverte à toustes, sans réservation, dans la limite des places disponibles
Léa Morin est une programmatrice cinéma et chercheuse indépendante. Engagée dans des projets (édition, expositions, restaurations) qui associent chercheur·euses, artistes et praticien·nes, sa recherche porte particulièrement sur les circulations d’idées, de formes, d’esthétiques et de luttes politiques et artistiques, ainsi qu’aux questions de la préservation des archives cinématographiques des cinémas fragiles (empêchés, inachevés, non-alignés). Elle est membre des équipes de “Archives Bouanani : Une Histoire du cinéma au Maroc” (Rabat), du collectif d’édition de la Collection Intilak, et de Talitha, association engagée dans la recirculation d’oeuvres sonores et filmiques (Rennes).
Elle a été directrice de la Cinémathèque de Tanger et a co-fondé l’Observatoire (Art et Recherche) à Casablanca. Elle a notamment conçu le site internet d’archives partagées CINIMA3 Lodz- Casablanca. Sa publication « Quelques événements sans signification à reconstituer, Casablanca – 1974 » paru en 2022 aux Éditions Zamân, retrace son travail de restauration et recirculation du premier film de Mostafa Derkaoui de quelques événements sans signification.
Elle intervient à l’EESAB-site de Rennes pour un ciné-performance autour de l’oeuvre de Karim Idriss.
Le 25 septembre 1967, un jeune cinéaste marocain Karim Idriss adresse un courrier au recteur de l’Ecole de cinéma de Lodz en Pologne. C’est une demande d’admission. Il y expose son parcours et les luttes actuelles – auxquelles il participe activement – pour un cinéma marocain. Quelques années plus tard, il écrit une lettre à la revue culturelle marocaine Souffles à propos de son documentaire (qui sera interdit) « Les enfants du Haouz » (1970), film de la parole libre d’une jeunesse marginale au Maroc. A partir de ces deux lettres, de films disparus, de documents, photographies, archives et de dizaines d’extraits de films et rushes, nous parlerons de Karim Idriss, de ses films retrouvés, mais aussi de films qui ne seront pas montrés : des films perdus, empêchés, détruits, des films non achevés, des rushes ou encore des films restés à l’état de projets, voire même d’idées. Comment reconstituer à partir de ce matériau ? Comment rassembler ces fragments de tentatives? Comment penser l’écriture d’une histoire du cinéma, alors même qu’elle est traversée d’une série d’érosions, d’oublis, d’effacements et de disparitions ? Comment y faire entrer l’incertitude, les essais et les tâtonnements ? Comment préserver des films qui n’existent pas? Peut-on emprunter les méthodologies de la restauration cinématographique pour conserver les traces de l’absent? Quelle place peut-on donner à la fiction pour ce travail de recomposition politique et esthétique ? Peut-on aujourd’hui restaurer et ré-activer le désir de cinéma et les rêves de révolution portés par ces jeunes cinéastes pour proposer d’inventer de nouveaux espaces pour nos futurs? Et si les archives étaient ces espaces de ré-invention …