états d’un lieu, une exposition de Camille Cochennec et Elisa Mercier – étudiantes en 3e année.
Dans le cadre de La Fenêtre Fraîche, du 26 janvier au 4 mars 2024
La Fenêtre fraîche est un espace d’exposition mis à disposition des étudiant.es et artistes invité.es dans le cadre de la plateforme NDE. Cette galerie se loge dans une fenêtre des ateliers techniques et dès la tombée de la nuit envoie des signes de la vitalité de l’art sur l’esplanade François Mitterrand comme autant de bouteilles à la mer. Pour ce nouveau semestre et pour la dixième année d’exposition pensées et présentées dans La Fenêtre fraîche, nous avons le plaisir d’accueillir le travail de Camille Cochennec et Elisa Mercier étudiantes de 3e année.
Un paysage artificiel aux allures rétro psyché ambulant. La caverne d’Ali Baba en plastique,
verre, acier, toc ou le cabinet de curiosité.
Deux pieds. Des mains jointes qui tendent vers le ruisseau
ou vers Dieu. Une cuvette fourre tout. Des tétons diams kitsch et aliens en forme de lustre.
Du quartier au dernier étage. Une soucoupe volante. Neptune qui t’observe. Dans cet atelier,
les échelles sont inversées et les images détournées.
Un atelier comme un terrain de pensées. S’accorder et partager. Un terrain à exploiter. Ne pas s’excuser d’exister.
Persister dans l’espace. Une fenêtre comme portail d’un espace à un autre, un pont du dedans vers le dehors.
états d’un lieu propose un puzzle d’images, comme une enquête.
Un parcours, une attention portée à la matrice, le premier espace à soi de l’étudiant.e.x.
(nous : Camille Cochennec et Élisa Mercier)
états d’un lieu est composée de 9 photographies à l’argentique imprimées en noir et blanc et de 12 peintures à l’huile peintes en noir et blanc sur médium. Ces 21 images de formats différents sont sur un fond violet. Elles sont des détails de notre atelier en commun. Nos tables sont collées et forment un «U». Nous avons, sur une durée de trois mois, réalisé un état des lieux de notre atelier.
On y voit des objets, des matières, des formes abstraites, des empreintes etc. Le choix du cadrage de ces photographies et de ces peintures s’est opéré en pensant la rencontre, ou la limite, de deux éléments. Élisa utilise la photographie et Camille la peinture, afin de représenter cet atelier.
Nous percevons cet ensemble d’images comme une peinture où les photographies sont le fond et les peintures sont la forme. Non dissociables les unes des autres, elles interagissent et se complètent au sein de cette fenêtre. Nos différents modes de représentation permettent de singulariser nos propositions.
Pendant les Journées Européennes du Patrimoine 2023 de Quimper et dans le cadre de l’exposition AUTOUR DE NOUS l’art d’aujourd’hui : le patrimoine de demain, nous avons fait une mise en espace commune de photographies et de peintures, évoquant le souvenir et la mémoire. Le dialogue qui s’instaurait entre ces deux médiums nous a plu et nous avons souhaité réaliser un projet similaire dans la cadre de la Fenêtre fraîche. états d’un lieu découle de cette exposition et est un prolongement de nos pratiques respectives et communes.
La peinture permet de rendre plus lisibles certaines formes que d’autres selon le geste pictural employé. Traduire une image en peinture permet à Camille de se réapproprier ce qui l’entoure et ce qui la construit. Élisa utilise la photographie pour observer et se déplacer. Comme une détective, elle cherche au travers de son appareil photo des indices. L’atelier lui apparaît comme un territoire fructueux.
Nous avons voulu établir un lien visuel, en utilisant le noir et le blanc. Le contraste des noirs et blancs se fait par les systèmes de représentation mais aussi par les supports utilisés : médium et papier. Il permet de ne pas définir de temporalité, rien n’est figé. La matière de la peinture donne un fin relief qui se différencie de la photographie. Le geste pictural donne quant à lui, du mouvement aux peintures. Nous réactivons les photographies, en superposant les peintures sur celles-ci. De plus, l’épaisseur du matériau qu’est le médium accentue les écarts de profondeur entre photographies et peintures. Les côtés du médium sont peints en violet afin de lier le fond de la fenêtre, les photographies et les peintures. Le choix du papier jauni induit une matière et une texture.
Pour le fond de la fenêtre, nous avons choisi une couleur inexistante sur l’Esplanade François Mitterrand afin d’attirer l’œil du passant. Le violet fait ressortir le noir et blanc.
Nous voyons ce travail plastique comme un inventaire de ce qui précède nos pièces et ce qui gravite autour. Le titre est évocateur. Nous voulons montrer l’atelier dans tous ses recoins.
L’atelier est le lieu qui nous réunit, nous partageons nos idées, nos références, nos casse-croûtes. On réfléchit à nos futurs travaux, l’atelier c’est le seul espace qui nous est propre. C’est un espace en mouvement constant de pensées et de créations. Entre nous on s’entraide, on s’influence, on se nourrit. C’était l’envie de créer ensemble.
À travers la Fenêtre Fraîche, nous voulons rendre visible un espace qui reste souvent confidentiel. Exposer toutes ces petites choses présentes de manière éphémère.
L’exposition L’origine des choses de l’artiste Édith Dekyndt nous a inspiré et aiguillé sur notre projet d’états d’un lieu. Elle s’intéresse au statut des objets se trouvant dans une vitrine. La vitrine apparaît au début du 19e siècle, d’abord à Londres en 1851 lors de l’exposition universelle et ensuite à Paris en 1867. Les vitrines permettaient d’exposer des marchandises venues des colonies. A Paris, des passages couverts ont été créés et les magasins se sont emparés de celles-ci afin de vendre leur marchandises.
Édith Dekyndt déplace le statut des vitrines dans le champ de l’art et s’intéresse au statut de l’objet d’art présenté dans une vitrine. Elle cherche des choses dans son atelier ou dans sa réserve, des choses qui l’inspirent, inachevées et sans valeur en tant que «pièces terminées». Elle travaille sur les limites entre objets et objets d’art.
La photographie présente sur l’affiche a été inspirée par l’exposition Dans l’atelier : portraits d’artistes de Margot Montigny. Nous avons fait le choix de prendre une vue d’ensemble de notre atelier afin de recontextualiser notre travail présenté.
Texte d’introduction écrit par Noémie Berthet.